vendredi, janvier 04, 2008

Des goûts et des couleurs.

Je me suis volontairement abstenu de poster le 1er Janvier, d' abord par flème je le confesse, ensuite parce que je voulais attendre l' entrée en vigueur du décrêt pour voir si j' allais avoir des histoires d' émeutes, de rixes, de café-restaurants en feu à vous raconter...et non. Calme plat, interdiction majoritairement respectée, tout semble bien se passer, d' autant plus que les fumeurs de cigare, contrairement aux autres, vont voir éclore dans les mois qui viennent des fumoirs privés qui leur permettront de s' adonner à leur passion dans un relatif confort. Fin de la guerre entre fumeurs et anti-fumeurs ? Rien n' est moins sûr, puisque certains commencent déjà à appeler de leurs voeux une législation sur les terrasses des cafés, qu' ils voudraient non fumeurs si la "simple politesse" des fumeurs ne suffit pas pour qu' ils s' abstiennent. En théorie comme en pratique, je renverserai pour ma part la problématique : les non-fumeurs s' appropriant de par la loi 99 % de l' espace où l' on peut consommer une boisson sans y croiser de fumeurs, je compte bien sur leur politesse pour me laisser tranquille si l' envie me prend d' investir le 1 % restant pour fumer un cigare. Question de politesse et de mesure, précisément...

2008 sera aussi un tournant pour l' avenir du Club toulousain Cigare & Compagnie poursuivi pour propagande en faveur du tabac, ainsi que pour le magazine Cigare & Sensations à qui on reproche entre autres "d' user des mêmes termes que ceux qu'utilisent les œnologues pour les grands crus bordelais ou bourguignons, au risque d'éveiller l'envie du lecteur qui n'y a pas encore gouté ?". Mais de quoi s' agit il, précisément, si ce n' est de goûts et de couleurs !? Serions nous moins reprochables si nous faisions l' impasse sur nos sensations pour livrer des compte-rendus de dégustation type "j' ai beaucoup aimé le 1er tiers de ce cigare riche en nicotine, mais le 2nd tiers vient s' enrichir de notes de goudron tout à fait chatoyantes, alors que le 3ème tiers me laisse rassasié à l' idée que c' est mauvais pour la santé" ? De qui se moque t' on ?! Est il interdit dans ce pays de dire que bien que ce soit mauvais pour la santé, fumer peut être aussi un plaisir ? Et encore, avec un regard critique puisque certains cigares sont décrits comme ayant des arômes de papier brulé, de feuilles mortes, d' herbe mouillée...

La censure des sites et des magazines orchestrée en France par les anti-tabacs est à mon sens un écran de fumée. On trouve en langue anglaise des magazines dédiés au cigare, et à la pipe. Au pire, les passionnés trouveront toujours de quoi se documenter, d' autant plus que les abonnements se font en ligne. Qui plus est, les fora publics dédiés à la pipe et au cigare sont aussi présents, et facilement trouvables via google. On voit bien là la grande hypocrisie, et les limites de cette censure. Pire, en attendant quelques mois pour taper le mot qui fâche dans google, les internautes se retrouveront sur des sites francophones de vente de tabac suisses ou belges sans forcément savoir que la vente par correspondance est interdite en France ! On marchera bientôt sur la tête...

J' en finirai avec deux réflexions :

- la première à l' attention de Club Cigare et de l' Amateur de Cigare, que je n' achète plus, et dont le mutisme depuis le début de cette chasse aux sorcières et les poursuites à l' encontre des clubs les a, à mon sens, déshonorés. Leur silence ne les aura pas empèchés d' échapper eux aussi aux poursuites, et si je fais preuve de solidarité vis à vis d' Yves Belaubre et de son magazine pour avoir pris la défense des amateurs, je souhaite que les autres "journalistes" spécialisés méditent sur leurs carences, et disons le franchement, leur manque de courage. Le journalisme est un mêtier qui ne se pratique pas au gré des intérêts particuliers ou d' entreprise.

- la seconde à l' attention de DNF qui continue de fustiger la désinformation en se permettant d' user des méthodes qu' elle dénonce. Ainsi, elle réaffirme entre autres que Pour une poignée de cigares a reconnu publiquement le bien-fondé de l'action de DNF. C' est totalement faux, nous l' avons déjà dit, le protocole d' accord et le communiqué de P1P2C sont disponibles sur le site après inscription et ne disent rien de cela. Les dirigeants de DNF, quand on le leur fait remarquer, coupent court en invoquant "le dialogue de sourd". Etonnant comme les yeux et les oreilles se ferment parfois, comme quoi la désinformation est un concept à manier avec précaution sous peine qu' il vous revienne comme un boomerang...

A méditer, et à suivre...

N.B : un espace de discussion http://barfumeur.ning.com/

1 commentaire:

Doktor Glub a dit…

Cela a commencé par les avions. Les Américains ont imposé sur les vols qui arrivaient chez eux que les avions soient non fumeur. Les compagnies aériennes ont suivi le mouvement et imposé cela sur tous les vols. Puis, cela a été au tour des Mac Donald en France, qui avaient tous une zone fumeur et non fumeur et qui les ont supprimées. Ensuite, le train après être passé de fumeur partout à fumeur dans une seule voiture, a supprimé totalement la cigarette. L'entreprise a suivi et aujourd'hui tous les lieux publics, bars, restaurants, boîtes de nuit, bar à chicha, magasins, etc.
Que la cigarette soit mauvaise pour la santé c'est certain, qu'un environnement fumeur soit mauvais pour la santé c'est aussi certain.
C'est pourquoi, pour un fumeur, être gêné dans un avion ou un train pouvait être à peu près supportable.
Mais le fumeur a aussi le droit d'avoir une vie normale. C’est-à-dire de pouvoir sortir dans un bar, restaurant, boîte de nuit, sans être un pestiféré et se retrouver à 30 dehors en train de fumer. La situation devient complètement absurde, lorsqu'on va dans un bar où la majorité des clients fumeurs (et souvent alcooliques) se retrouvent sur le trottoir. Le bar est vide (aucun non-fumeur) le bar est dehors sur le trottoir...
En Espagne, le gouvernement a choisi la souplesse, le client peut choisir entre un bar non-fumeur et un bar fumeur. On nous dit les familles vont pouvoir aller dans les bars et les restaurants. C'est très bien que les familles y aillent, mais qu'elles laissent aussi le droit aux autres d'y aller.
C'est pourquoi, nous souhaitons des lieux fumeurs, pour nous aussi avoir le droit à la convivialité. Où est la convivialité lorsqu'on doit arrêter une conversation qui devenait intéressante et sortir toutes les 20 minutes dehors, regarder les gens passer dans la rue.
En France, nous avons un réseau de 31 000 bars tabac. Le café bar est une spécificité tout à fait française. Cette spécificité française risque de disparaître très vite, si cette loi est maintenue en l'état. Les bars tabac vont devenir des drugstores. Un concept ? Américain...
Qui va dans les boîtes de nuit ? Des familles avec enfant ? Non des jeunes, à 40 % fumeurs.
Sous couvert de culpabilité le fumeur accepte tout. Mais il a tort. Lui aussi a le droit de sortir de chez lui et d'avoir une vie sociale. En plus, la suite de la guerre anti-fumeurs, c'est ce qui se passe actuellement aux États-Unis et au Canada : dans certaines régions interdiction de fumer dehors, interdiction de fumer chez soi, interdiction de fumer dans sa voiture, sanctions touchant les soins de santé, etc. La question n'est plus "vous nous enfumez", le sujet est "on vous interdit de fumer où que ce soit." C'est pourquoi, il est urgent de réagir de s'unir et d'exiger des lieux fumeurs pour que les fumeurs, eux aussi, soient respectés.
Là où les non-fumeurs se trompent, c'est qu'ils ne comprennent pas qu'eux aussi pourront se retrouver dans le clan des pestiférés. Si demain une loi passe qui interdit un de leur vice, ils deviendront eux aussi les moutons noirs, qui doivent rester chez eux. Pour supprimer le lien social c'est très efficace. Travail, famille, patrie, boulot, dodo, conso.
Je bois, je fume, je me drogue et souhaite continuer jusqu'à la fin de mes jours. Pourquoi ? Parce que ces trois éléments permettent de rendre la vie moins triste. Pourquoi une majorité bien-pensante va m'imposer ses manières de voir ? Si certains aiment boire de l'eau et ne faire aucun excès dans leur vie, c'est leur vision de la vie, qu'ils ne me l'imposent pas.
Dans une société où les comportements seront complètement normalisés, l'homme devenant une sorte de robot qui exécute des ordres, pourront nous voir encore apparaître : Vincent van Gogh, Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Céline, Charles Bukowski, Jean Cocteau, Beaudelaire, Paul Verlaine, Charlie Parker, André Malraux, William Burroughs, Françoise Sagan ?
Ce décret (donc sans vote) qui vient de rentrer en application est un pas de plus dans la direction de l'hygiénisme. Mais nous ne sommes pas américains, ni suisse, ni hongrois...

Citation :
Pierre Zaoui
"Une politique de santé responsable est d’abord une politique de prévention, de prophylaxie. On parle même aujourd’hui de médecine prédictive à venir, une médecine qui permettrait de prévoir les maladies pour mieux les éradiquer. Nul ne peut être en désaccord avec cette idée, la plus simple, la plus rationnelle, la plus efficace pour diminuer les dépenses de santé. Il est plus rationnel de se laver les mains que d’attraper le choléra. Et l’on est même en droit de s’en prendre à l’État quand celui-ci déroge à ce premier principe de santé publique, comme aux débuts de l’épidémie du sida.

Un seul problème toutefois : la politique du « tout préventif », cela s’appelle, depuis le XVIIIe siècle, l’hygiénisme, et l’idéal hygiéniste est un monde pur, aseptisé, propre, sain de corps et d’esprit, en bref un monde sans vices, c’est-à-dire un monde de pur cauchemar, parfaitement invivable, où il n’est plus besoin d’avoir la peste pour être traité comme un pestiféré. Regardez le sort des pauvres fumeurs américains. Mais déjà en France, on ne fume plus de cigarettes mais des « nuit gravement » ; on ne mange plus de sandwichs mais du cholestérol et des graisses sursaturées ; on ne boit plus d’alcool, on se prépare une cirrhose ; on ne baise plus, on joue stupidement avec sa vie. C’est assez embêtant ce non-choix qu’on nous propose entre le risque idiot et le cauchemar, et c’est déjà une vieille histoire. Hygiénisme et libéralisme forment la double impasse des politiques de santé. D’une part, en effet, comme disent les psychanalystes, l’absence de troubles physiques et psychiques est peut-être la santé, mais ce n’est pas la vie ; d’autre part il n’y a pas de politique de santé sans idée de soin (et de prendre soin avant de soigner). Les États qui ne font aucune prévention sont des États parfaitement irresponsables, et parfois criminels.

Les États hygiénistes nous ouvrent les portes d’un enfer invivable et de surcroît hypocrite, parce qu’évidemment l’hygiénisme, ça ne marche pas, sauf pour la vitrine. Par-derrière, c’est soit la répression, c’est-à-dire l’enfermement ou l’exclusion de tous les déviants (la chasse aux pauvres, la chasse aux drogués, la chasse aux fous) ; soit le contrôle, c’est-à-dire la pathologisation renversée (« vous buvez, parce que vous êtes malades ») et la culpabilisation permanente des déviants (« vous trouez la Sécu ! »). Ainsi, on sent bien qu’on ne saurait s’en tirer par un savant débat entre politique de répression et de contrôle d’un côté (la santé est le premier problème de l’État) et politique parfaitement libérale de l’autre (la santé n’est qu’affaire privée). Le vilain couple hygiénisme- libéralisme a au moins cette vertu (toute négative) de montrer par le fait que la distinction vie privée-vie publique ne fonctionne pas du tout pour penser ce que pourrait être une « bonne » politique de santé.

En revanche, il est bon parfois de se laisser aller à rêver d’une politique de prévention où l’État essaierait de prendre la tangente par rapport à sa double figure de père Fouettard et de mère couveuse. Au moins, au lieu d’une insupportable édification des citoyens, on aurait alors des slogans plus énigmatiques, plus respectueux des choix de chacun et peut-être plus efficaces. Exemples entendus par-ci, par-là : « L’éthylo-tabagisme n’est pas un métier d’avenir » ; « Les accidents ne sont pas des événements » ; « Il n’y a aucune raison de devenir séropositif » ; « La drogue donne du plaisir mais ne règle aucun problème » ; « La mort est la chose la plus banale du monde » ; « Il peut être aussi agréable d’avoir faim que de manger » ; « Tous les fantasmes n’ont pas besoin d’être réalisés » ; « Aimer la santé n’est pas un devoir qui s’impose, mais une joie qui s’apprend » ; « Il y a un gras qui est bon, on l’appelle le bon gras »... Un État faible et fraternel dans une société d’adultes : oui, on a le droit de rêver."