On assiste depuis quelques années à une poussée des principes dits "de précaution" : lutte contre les fumeurs sous couvert de prévention contre le tabagisme, lutte contre la consommation d' alcool, contre les drogues dures et douces, lutte contre la pornographie, campagnes de prévention façon mangerbouger, inserts de plus en plus nombreux d' étiquettes rappelant les dangers pour la santé de tel ou tel produit... En parallèle, nous bénéficions d' un réseau de santé relativement bon, de tests de dépistage de maladies de plus en plus performants, bref, tout semble à première vue fait pour qu' on vive le plus "sainement" et longtemps possible. Qui s' en plaindrait ?
Pour autant, cela revient il, à long terme puisque c' est de ça qu' il s' agit, à vivre mieux ? Pas si sûr. L' Etat, par manque de courage, ou pour suivre une tendance qui se mondialise, se désengage de plus en plus de sa mission première - celle d' assurer la protection et le bien être de ses citoyens - pour la déléguer tantôt à des particuliers, tantôt à des associations, qui prennent le relai, souvent pour le meilleur (j' en connais beaucoup), parfois pour le pire (j' en connais au moins une).
Vivre le plus longtemps possible, mais à quelle place, avec quels moyens et dans quel but ? Quid de la précarisation du marché de l' emploi (travailler plus et pour moins cher), de la paupérisation de la population, de l' explosion du prix de l' immobilier, du déremboursement croissant des médicaments, du système de retraite totalement dépassé, des besoins techniques et financiers pour les personnes en fin de vie scandaleusement mises de côté, sans parler des problèmes environnementaux (pollution, surproduction, OGM...) et de surpopulation déjà présents et à venir...
Je ne vois pas de projet global, cohérent, à long terme; si ce n' est celui de supprimer partout où c' est possible les comportements déviants. "Le clou qui dépasse sera enfoncé", dit un superbe et cruel adage japonais. Les "comportements à risque" ont pourtant toujours existé, et que je le déplore ou m' en félicite, ils sont nécessaires, pour ne pas dire indispensables, parce qu' ils servent d' exutoire, de soupape de sécurité.
Vivre en société implique des risques qui, s' ils peuvent, et même doivent être évités au maximum, ne sont pas tous éradicables. Le risque zéro n' existe pas.
Je me suis toujours méfié de ces gens qui passent leur temps à souhaiter, de gré ou de force, le meilleur aux autres et à leur place. Si l' attention est bonne, l' intention, elle, ne l' est pas toujours.
Je fume le cigare, je n' en suis ni fier ni honteux, juste heureux, et n' ai pas à m' en cacher. Point.
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12 commentaires:
Les étiquettes de bouteilles de vin sermonnant désormais les femmes enceintes (alcool = danger), les slogans sur les fruits et légumes (5 par jour ! sinon...) et le grignotage entre les repas (mal !)... Jusqu'où s'arrêteront-ils ? (dixit Coluche). Pour me déstresser, tiens, je vais croquer un carré ou deux de chocolat noir 85%... ça va ? J'y ai droit ?
Tu y as droit mais attention, il aurait été démontré (et ceci est tout a fait sérieux) que le chocolat contient un composant qui, consommé à hautes doses, entrainerait une addiction. "Cette addiction au chocolat semblerait être supervisée par des structures neurobiologiques communes à la prise de drogues dures".
Imagine un cigare parfumé au chocolat... Brrrr....
Bonjour Erwan,
Nous sommes une famille de fumeurs (mon gendre fume le cigare), de non fumeurs et d' ex fumeurs (c' est mon cas). C' est mon gendre qui nous a fait lire quelques articles de votre blog, interessant et écrit avec humour (il nous a fait beaucoup rire).
Je fais partie d' une génération qui a vu beaucoup de choses, vécu aussi, et je suis attristée d' apprendre qu' on peut vous faire un procès aujourd' hui pour simplement parler d' une passion car je crois que c' est de ça qu' il s' agit.
Je suis heureuse d' avoir arrêté de fumer, mais je ne vais pas pour ça empêcher les autres de le faire s' ils veulent continuer. Ca me rappelle des périodes que je préfère oublier, et qu' eux n' ont sûrement pas connu.
Aujourd' hui le tabac et demain ?
Je me rassure en me disant que je ne connais pas ça dans ma famille, ni avec nos amis ou voisins.
Nous vous souhaitons bon courage ainsi qu' à tous vos amis !!
Hello granma',
Voila un message qui réchauffe le coeur (je crois savoir qui vous êtes, votre gendre m' avait envoyé un mail très sympa au sujet de mon blog, je le salue au passage).
Vous avez arrêté de fumer, vous avez eu raison, c' est mieux pour la santé ;-)
Votre allusion aux périodes troubles m' en rappelle une, celle de l' après Révolution, quand quelques fanatiques se sont épris de la belle idée de République au point de créer des milices et de faire emprisonner ou guillotiner tous ceux qui ne portaient pas la cocarde. En toute légalité, et pour le bien du peuple, disaient ils. Toujours...
On retrouve aujourd' hui la même poignée d' imbéciles certifiés, "scannant les blogs" (ils se reconnaitront puisqu' ils passent quotidiennement ici), invectivant les fumeurs, donnant de grandes leçons de civisme pour mieux faire oublier qu' une partie d' entre eux étaient hier les méprisables bourreaux qu' ils pensent voir en chaque fumeur aujourd'hui. Il en est même qui en sont à épier des fumeurs en se demandant "combien de cigarettes ils fumeront de manière civique". Tout est dit.
Votre petite tribu ressemble à la mienne, voisins compris. Des fumeurs, des non fumeurs, des ex-fumeurs, des buveurs, des mangeurs, des gens cordiaux, respectueux les uns des autres.
Ca existe encore ;-)
Saluez la tribu de ma part et continuez comme ça, vous êtes sur le bon chemin !
Comparer la lutte contre la pornographie et la lutte contre les fumeurs... Bien léger tout cela.
Un femme enceinte qui boit un verre de rouge envoie à son enfant (je rappelle en cours de développement embryonnaire donc ULTRA sensible à tout ce qui l'entoure, s'équivalent de 4 grand verres de vin, c'est vrai que cela ne dit pas être mauvais...
En revanche la comparaison avec la Révolution française est terriblement réaliste et exact, on a tendance à l'oublier :-)
Bonjour Mathieu
Je ne compare pas les deux pour minimiser l' un au profit de l' autre, je mets en perspective.
Soumettre les sites d' amateurs à des mots de passe alors que les sites porno sont en libre accès aux mineurs, c' est pour moi un non sens...
Quant à la comparaison avec la révolution, je l' ai prise sciemment pour éviter le mot ayatollah que les anti-tabacs réfutent souvent ;-)
Bonjour Erwan !
Matthieu, bonjour..
Sans esprit polémique, quand tu dis :
" Comparer la lutte contre la pornographie et la lutte contre les fumeurs... Bien léger tout cela."
J'avoue que je ne vois pas la "légéreté" de la remarque ?
(Nous sommes bien d'accord que nous parlons de pornographie et NON de pédophilie !!!).
Peintre, mathieu est peut être un anti-pornographie qui traque les pro-porno qui lisent des revues X dans des salles fermées et des lieux accessibles au public ? :p
La pornographie ne tue pas.
Je pense donc que les règlementations qui l'encadrent n'ont pas à être aussi draconniennes que celles qui encadrent le tabac qui, lui, tue massivement.
La vie humaine me semble bien plus précieuse.
Le tabac doit être encadré davantage que le X, bien plus anodin.
La pornographie ne tue pas?
Ah bon ? Et quid des acteurs/actrices qui ont récolté des maladies vénériennes à cause de l' absence de protection dans ce milieu ?
Et au delà de ça, l' exploitation de la misère humaine d' un grand nombre de femmes, des pays de l' Est entre autres ?
Il est vrai que ça tue moins, mais ce n' est ni anodin ni léger.
Il y en a qui ont la morale qui flageole à cause de leur haine du tabac... J'ai eu la frayeur de lire une fois un de ces énergumènes dire que l'on faisait moins de mal à un enfant en l'abusant qu'en lui offrant une cigarette ! :-(((
Chacun ses repères...
Je préfère les miens ! ;-)
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