vendredi, septembre 28, 2007

Drôle d' époque...

On assiste depuis quelques années à une poussée des principes dits "de précaution" : lutte contre les fumeurs sous couvert de prévention contre le tabagisme, lutte contre la consommation d' alcool, contre les drogues dures et douces, lutte contre la pornographie, campagnes de prévention façon mangerbouger, inserts de plus en plus nombreux d' étiquettes rappelant les dangers pour la santé de tel ou tel produit... En parallèle, nous bénéficions d' un réseau de santé relativement bon, de tests de dépistage de maladies de plus en plus performants, bref, tout semble à première vue fait pour qu' on vive le plus "sainement" et longtemps possible. Qui s' en plaindrait ?

Pour autant, cela revient il, à long terme puisque c' est de ça qu' il s' agit, à vivre mieux ? Pas si sûr. L' Etat, par manque de courage, ou pour suivre une tendance qui se mondialise, se désengage de plus en plus de sa mission première - celle d' assurer la protection et le bien être de ses citoyens - pour la déléguer tantôt à des particuliers, tantôt à des associations, qui prennent le relai, souvent pour le meilleur (j' en connais beaucoup), parfois pour le pire (j' en connais au moins une).

Vivre le plus longtemps possible, mais à quelle place, avec quels moyens et dans quel but ? Quid de la précarisation du marché de l' emploi (travailler plus et pour moins cher), de la paupérisation de la population, de l' explosion du prix de l' immobilier, du déremboursement croissant des médicaments, du système de retraite totalement dépassé, des besoins techniques et financiers pour les personnes en fin de vie scandaleusement mises de côté, sans parler des problèmes environnementaux (pollution, surproduction, OGM...) et de surpopulation déjà présents et à venir...

Je ne vois pas de projet global, cohérent, à long terme; si ce n' est celui de supprimer partout où c' est possible les comportements déviants. "Le clou qui dépasse sera enfoncé", dit un superbe et cruel adage japonais. Les "comportements à risque" ont pourtant toujours existé, et que je le déplore ou m' en félicite, ils sont nécessaires, pour ne pas dire indispensables, parce qu' ils servent d' exutoire, de soupape de sécurité.

Vivre en société implique des risques qui, s' ils peuvent, et même doivent être évités au maximum, ne sont pas tous éradicables. Le risque zéro n' existe pas.

Je me suis toujours méfié de ces gens qui passent leur temps à souhaiter, de gré ou de force, le meilleur aux autres et à leur place. Si l' attention est bonne, l' intention, elle, ne l' est pas toujours.

Je fume le cigare, je n' en suis ni fier ni honteux, juste heureux, et n' ai pas à m' en cacher. Point.